Rencontre insolite à Porquerolles

   voir les photos          voir la vidéo (QuickTime)          Retour à l'accueil

Hyères, 24 février 2002.

Ils sont bien gentils, au club, mais aujourd'hui, je n'ai pas envie de plonger. L'eau est à 12°. De toutes façons, avec cette météo et ce vent, il n'est pas question de faire une épave en pleine mer. On ira plonger à l'abri, sous le versant est de Porquerolles. A force d'arguments, ils finissent par me convaincre, et j'embarque avec mon matériel. Nous ne sommes que 8 sur le Ierobis prévu pour 30 plongeurs.

Arrivé sur le site, finalement, ça se présente bien : Nous sommes à l'abri, pas loin du sémaphore de Porquerolles. L'endroit est calme, le soleil est présent. Mais bon, on nous a prévenu : ce sera une "petite" plongée... Rien d'extraordinaire.

Donc, inutile de m'embêter avec la caméra. Oh, et puis, finalement, puisque je l'ai apportée, autant la prendre : ça me permettra de tester une nouvelle méthode pour le réglage de la balance des blancs.

Saut droit avec Gérald. Nous avons déjà fait de nombreuses plongées ensemble. Echange de signes, et nous entamons aussitôt la descente vers un fond de 35 mètres. Pendant que nous descendons, je tripote mon caisson pour décoincer la commande d'allumage... et soudain, un éclair argenté passe juste devant moi ; je lève les yeux, et c'est le choc : un, deux, trois dauphins aussi étonnés que moi cabriolent à quelques mètres. Ils me semblent énormes, au moins trois mètres. En réalité, ils sont quatre, dont un très jeune qui nage sous le ventre de sa mère. Nous avons sauté, sans le savoir, en plein sur une famille de dauphins, probablement venus se mettre à l'abri exactement sur le site choisi pour notre plongée ! C'est incroyable, surtout à cette saison. En fait, Gérald les a aperçus dès 7 mètres. Moi, concentré sur mon caisson, je suis déjà vers 20 mètres quand ils passent devant moi...

                   

J'attrape le caisson, et fébrilement, je manoeuvre les commandes : allumage, attendre pour la balance des blancs... et Zut, basculer le filtre rouge en position, il y a suffisamment de lumière, encore que je descends évidemment de plus en plus vite, j'aperçois le fond de sable, vite, gonfler le stab, ouf, ils sont toujours là, c'est parti, je filme ! Et pendant que je filme, je réalise que je ne vois plus personne... Flûte, apparemment, j'ai perdu Gérald... Tiens, deux dauphins amorcent un virage serré pour revenir vers moi, et se soulagent sans complexe au passage ! Bon, ils reviennent face à moi, comme s'ils jouaient à saute-mouton... Ca va faire un joli plan, je filme. Je suis paumé en plein bleu, et, le regard rivé sur mon écran, je ne vois plus que des dauphins. Normalement, je devrais lâcher les dauphins et chercher Gérald... Et je me dis lâchement que tant qu'à se paumer en pleine mer, il vaut mieux se paumer en compagnie de quelques dauphins ! Et soudain, comme s'ils s'étaient donné le mot, ils filent comme des flèches à la verticale et disparaissent dans le soleil.

Je suis encore sous le choc, et je fais un 360° pour essayer de retrouver les autres... j'aperçois à une dizaine de mètres le bas du sec que nous avions décidé d'explorer, et Gérald, qui s'était placé derrière moi pour me laisser filmer, me rejoint ; lui ne m'a pas perdu de vue : échange de signes, bien sûr...Mais là, les signes de plongée sont nettement insuffisants pour dire ce que nous voulons exprimer...

C'est la deuxième fois que je rencontre des dauphins sous la mer. La première fois, en mer Rouge, ils ont joué pendant 20 minutes avec notre palanquée. Cette fois-ci, c'est beaucoup plus court mais tout aussi intense : grâce au time-code de la caméra, je constaterai que j'ai filmé pendant à peu près 1 minute 30. Les dauphins ont dû rester avec nous peut-être deux minutes. Mais deux minutes inoubliables. Nous avons clairement vu leurs yeux rieurs, leur peau argentée, marquée de nombreuses cicatrices. Quelle puissance musculaire, quelle vitesse et quelle élégance !

Cliquez ici pour voir 16 photos extraites de cette séquence.